C’est une bien vieille histoire que celle de Manglo. Prononcé [Moyo-mañyo].
En 1648, on en parle déjà, lors d’un premier procès entre riverains de la Rivière d’Oŭd en Bains-sur-Oust et ceux de la frairie du Ménéhy en Saint-Vincent-sur-Oust, aux confins du Vannetais oriental. Conflit déjà latant depuis deux cents ans, dès lors que les Seigneurs de Rieux voulurent céder leurs droits aux riverains.
Le litige résulte de l’appropriation de l’île Moglote, située dans les marais de Manglo, par les frairiens des deux rives. Manglo s’étend entre la Butte de la Lune, où l’herbe égarante vous fait perdre de nuit votre chemin, et Mannétan (la colline du feu ; la Roche du Theil aujourd’hui) où soit disant de lointains sacrifices furent commis. Cette île marécageuse est au gré des caprices du courant et des marées, un pâturage, une pêcherie, et un tergetage* tantôt vincentais, tantôt bainsois. En 1827, cette situation conflictuelle est encore relatée devant les tribunaux, bien évidemment au bénéfice des vincentais.
Il faut attendre 1996 pour réveiller cette histoire en chanson, grâce à la rencontre de jeunes vincentais, rompus au répertoire chanté de leur commune, en quête d’une appellation « originale» : Manglo.
Nos lurons investissent régulièrement ces lieux mythiques. Ils chantent, dansent toute la nuit et perpétuent ainsi la tradition du rond de St Vincent.
Gilbert Hervieux
[Tergetage : Coupe du foin dans les marais. Appelé également « fouage ».]